jeudi 22 novembre 2007

Les excuses du cardinal Ouellet

Les excuses du cardinal Ouellet ont suscité beaucoup de réactions au Québec, surtout des réactions négatives. On lui reproche en particulier que ses excuses ne soient pas plus exhaustives et se limitent à certains abus perpétrés par l'Église avant les années 1960s. Il y a pourtant des éléments forts intéressants liés à cet acte de contrition. D'abord, le symbole est important. Tous les Québécois à part certains membres du clergé catholique savaient que l'Église catholique s'est rendue coupable de fautes graves envers les Québécois. La reconnaissance de ce fait par le primat du Canada est un développement important. En fait, le refus de plusieurs Québécois (surtout des Québécois médiatisés pour l'instant) d'y voir un quelconque progrès en dit beaucoup plus sur leur rejet du catholicisme que sur le caractère partiel des excuses du cardinal. Beaucoup de Québécois réagissent de façon irrationnelle lorsqu'il est question de l'Église catholique, ne lui reconnaissant aucun apport positif à la société québécoise et amplifiant ses manquements et ses abus.

Mais comment les protestants québécois devraient-ils réagir, eux, à ces excuses ? Commençons par le plus simple : faut-il rappeler que Jésus nous a demandé de pardonner à nos offenseurs, sans qu'il soit même question qu'ils nous demandent pardon ? Il me semble que les protestants québécois se doivent d'accorder le pardon à l'Église catholique, même si les excuses du cardinal Ouellet ne sont pas des excuses officielles de l'Église catholique entière et même si pardonner n'impliquera pas que nous repartons à zéro, que nous oublions tout et refusons dorénavant de parler des erreurs du passé. Dans toute tentative future de dialogue, une réelle réconciliation devra passer par une discussion franche où les problèmes ne seront pas enfouis sous le tapis, mais où la bonne volonté des partenaires de conversation devra être présente des deux côtés (pour un exemple d'un tel dialogue, voir le lien Rapport du dialogue catholique-mennonite). On peut considérer que les catholiques ont fait un premier pas ici, il me semble.

Un autre élément devrait attirer l'intérêt des protestants. L'archevêque Ouellet affirme qu'il désire un nouveau départ pour le Québec, qu'il désire évangéliser le Québec. Les protestants, du moins les évangéliques, peuvent difficilement être contre le principe. Il faudra peut-être se demander s'il envisage uniquement un retour au catholicisme comme évangélisation adéquate, mais il faut le féliciter de reconnaître la nécessité de porter l'Évangile aux Québécois. Certains diront que cette nécessité saute aux yeux, mais n'oublions pas que le Québec a longtemps été pris pour acquis par l'Église catholique, qui s'est par conséquent permis de considérer de facto comme chrétiens tous ceux qui ne rejetaient pas très clairement l'Église.

Une dernière réflexion. Il est facile de dénoncer les fautes des autres. Or, il faut bien admettre que les protestants n'ont pas toujours fait mieux lorsqu'ils se sont retrouvés dans une position similaire à celle de l'Église catholique au Québec. Les protestants ont, eux aussi, abusé du pouvoir lorsqu'on leur a donné. Plusieurs évangéliques le font d'ailleurs encore aux États-Unis en ce moment. Une des intuitions les plus remarquables des premiers Anabaptistes était justement que, dans un désir de préserver la pureté de l'Église, il fallait se garder d'y inclure par défaut tous les habitants du pays pour favoriser la libre adhésion à l'Église et la séparation de l'Église et de l'État. L'Église pouvait ainsi exiger davantage de ses membres (notamment du point de vue éthique) et devait chercher à être l'incarnation d'une alternative à la société. L'Église devait donc jouer un rôle prophétique dans la société. Les autres protestants y ont vu une menace et ont persécuté les Anabaptistes. De leur côté, les Anabaptistes ont accepté éventuellement (en échange de la fin des persécutions) de renoncer à leur rôle prophétique et de se réfugier dans le confort de sociétés parallèles.

L'Église qui est au pouvoir aura toujours de grandes difficultés à rester fidèle à l'Évangile, particulièrement au Sermon sur la montagne, et elle aura certainement des comptes à rendre pour ses abus de pouvoir. D'un autre côté, l'Église qui renonce officiellement au pouvoir et accepte un rôle "prophétique" doit quant à elle prendre garde de ne pas se laisser récupérer par le pouvoir d'une part (voir 1 R 22) et d'autre part de ne pas cesser de prêcher l'Évangile lorsque le prix à payer devient trop grand.

2 commentaires:

Unknown a dit...

Je suis d'accord avec le Cardinal Ouellet. Les médias faussent le débat.

Commission Bouchard-Taylor.

Démographie: Vers un Fiasco au Canada.

Un petit lien sur un sujet d'actualité.

Site internet offrant de bonnes informations:
www.geocities(point)com/crash_demographique.

Louis XIV : Après moi le déluge.

Bienvenue pour une visite web.

Cordialement,
Solange Miller

Richard Mercier a dit...

J'ai appréçié le fait de relativiser le cirque médiatique lors de la sortie du Cardinal Ouellet.

L'article de M,MARC.D-Paré met en perspective le fait de mettre l'accent sur le positif de la démarche du Cardinal,malgré les malaises ,qui persistent dans les fautes du Passé de L'Eglise .