Vous avez sûrement entendu parler de la campagne internationale de publicité faisant en quelque sorte la promotion de l'athéisme avec des slogans du genre "Dieu n'existe probablement pas. Alors cessez de vous inquiéter et profitez de la vie". Certains y ont vu une campagne iconoclaste et certaines villes au Canada et ailleurs ont même refusé de l'autoriser. Toutefois, il faut reconnaître que la publicité est plutôt respectueuse (du moins au Canada) et n'attaque pas directement les religions ou même les croyances. Le slogan cité plus haut implique que l’athéisme est proposé seulement comme une hypothèse, ce qui, avouons-le, est une approche très respectueuse à cette question complexe.
Au-delà du ton, cette campagne a aussi le mérite de poser la question de l’existence de Dieu, probablement la question la plus fondamentale qu’un être humain puisse se poser. Or, cette question et ses implications sur le sens de la vie et sur de nombreuses questions éthiques sont souvent repoussées dans la sphère privée, en partie comme moyen d’évitement. La plupart de nos contemporains préfèrent ne pas se poser la question ou se contenter d’une réponse inoffensive, du genre : « Dieu existe, mais n’a rien à cirer de mon comportement au quotidien » ou « Dieu existe, mais il n’est qu’une force qui sourit béatement sur l’humanité ». Les implications de l’existence de Dieu ou les demandes qu’un tel Dieu pourrait faire à l’humanité sont ainsi évacuées au profit d’une conception de Dieu qui est à notre portée, accessible et utilitariste, ce qui correspond très bien à la définition d’une idole.
Il y a donc un grand mérite à poser publiquement une telle question. D’ailleurs, l’Alliance Évangélique Suisse soutient l’organisation en Suisse d’une telle campagne précisément parce qu’elle aurait pour effet de pousser les Suisses à réfléchir à la question de Dieu. De même, l’Église Unie du Canada a utilisé la campagne pour tenter de lancer une discussion sur le sujet. Son slogan, paru récemment, reprend le slogan plus haut, mais y ajoute une case à cocher (comme lorsqu'on vote), de même qu'un slogan alternatif : "Dieu existe probablement. Alors cessez de vous inquiéter et profitez de la vie". Le lecteur est invité à cocher le slogan de son choix et surtout à prendre part à une discussion sur le sujet.
En plus des mérites liés à l'ouverture d'une discussion respectueuse, une autre considération doit nous pousser à respecter cette campagne publicitaire, soit le principe de la liberté d’expression. En effet, celle-ci existe précisément pour permettre à des voix dissidentes de s’exprimer. Si l'histoire nous a appris quelque chose, c'est bien qu'on ne peut imposer la foi chrétienne à la société. De toute façon, même l'enseignement du Nouveau Testament nous conduit à cette conclusion. Suivre le Christ doit être une décision personnelle, vu les conséquences impliquées par cette décision. Plus encore, c’est ce choix personnel que Dieu désire : que nous choisissions de le suivre librement. Il pourrait mieux que quiconque nous obliger à le suivre mais ne le fait pas. Il serait donc absurde de chercher nous-mêmes à obliger les gens à se confier en lui.
La charité devrait nous pousser au respect des décisions d’autrui concernant la foi et l’obéissance au Christ, mais un autre souci moins altruiste devrait conduire les chrétiens à cette attitude, soit le souci de préserver l’intégrité de l’Église. On le sait, quand à la fin de l’Antiquité il valait mieux être chrétien que païen pour éviter la discrimination, de nombreux convertis ont été ajoutés à l’Église pour des raisons strictement sociales et politiques plutôt que par piété personnelle. Cela a paganisé l’Église, qui ne s’en est jamais remis, jusqu’à ce jour (et je ne parle pas que de l’Église catholique romaine ici). La liberté de croire, c'est aussi la possibilité pour l'Église d'être une communauté de gens unis par leur appartenance réelle au Christ par une adhésion pleine et libre.
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